Il y eu une époque où je rêvais devenir un grand musicien, où je rêvais vendre des disques, faire des concerts, composer pour des Jeux Vidéos ou être reconnu dans le monde obscure de la Démoscène… Ce temps est passé, et j’en suis plutôt à une époque ou je regarde derrière moi sur tout ce travail accompli, en pause pour quelques temps…
Pierre Martin, peut-être mieux connu sous le nom de Cyborg Jeff, je vis dans la partie francophone de Belgique, né en 1978, j’ai eu la chance d’être rapidement mis en contact avec le monde informatique et la musique… A la maison on chantait sur des airs de guitare, pleins de disques,… et bien vite un Commodore 64… Les musiques de jeux de celui-ci m’enchantaient, et vers 10 ans, j’ai commencé à délaisser les disques de Papa pour m’acheter mes premiers 45t de Confetti’s, mes compilations CD Techno, Dance,…
J’ai toujours voulu faire de la musique… d’abord être un grand guitariste, puis un DJ comme les Unity Mixers,… à 12 ans, j’inventais déjà quelques musiques sur mon petit Synthé Casio, je cherchais à mixer avec mon Double Deck à K7, je faisais de Benny B en Playback, et tentait même quelques programmations musicales via Music Processor sur mon C64 ! Il me faudra pourtant attendre mes 17 ans, en 1995 pour pouvoir avoir vraiment entre les mains de quoi composer à ma guise….
Petit retour en arrière… Début des années 90, j’imaginais assez mal comment était réalisée la musique éléctronique que j’apréçiais… J’imaginais que tout était joué sur plein de synthé… Je n’avais même idée de ce que pouvait être un Séquencer ou du Midi… Sur mon C64, je pouvais programmer, comme en Simon Basic des partitions sur la ligne 1,2,3,4…. en spécifiant quelle note jouée, la hauteur,l’instrument et s’il s’agissait d’une noire, d’une blanche, d’une croche… S’était assez fastidieux, mais cela me procurait pas mal de plaisir.
En 1994, mes amis Pierrick & Romu débarque un jour chez moi avec un Amiga 500 dans un sac en plastique, plein de disquettes, et une carte à ajouter à l’arrière en Sampler ! Pendant que ProTracker est en cours de Chargement, Romu m’explique qu’avec cela, il peut brancher un mirco sur cette carte et enregistré ce qu’il veut, une chasse d’eau par exemple, puis utiliser le bruit comme instrument… Ou en faire de même avec mes CDs de Techno…. Waooow, mais c’est génial ! Les deux compèrent me montre alors, bien trop vite, leurs créations sous le nom de BloodWorks réalisée avec ce ProTracker…. La soudure du sampler aillant souffert, et malgré un raccord au Chwengum, impossible de le faire fonctionner !
Cette journée fut un fameux déclic pour moi ! Voilà ce qu’il me fallait, 2 Unlimited n’avait qu’à bien se tenir, avec Fast Tracker, moi aussi je passerais à la radio,… la qualité des productions qui en sortaient n’avaient pas de quoi rougir… C’est vrai que déjà les musiques de jeux Amiga que j’avais pu entendre chez mon ami Bruno m’avait plutôt étonnées… J’en avais d’ailleurs enregistrée sur K7 pour écouter de temps à autres… C’est que l’Amiga avait cette force de pouvoir travailler avec des échantillons plutôt que des ondes synthétisées comme mon C64 ou le SoundChip Adlib de ma carte son PC. Cette puissance couplée à un outil de Sound Tracking permettait aux programmeurs/compositeurs de cette machine de réaliser des musiques très réalistes !
Cette technique existe pourtant depuis la fin des années 80, et j’en découvrais assez tardivement le concept qui au fond n’était pas bien loin de ce que je faisais avec mon Music Processor… Le gros avantage est que j’avais ici une interface, et non plus des lignes de codes à taper. A l’origine de Sound Tracking, dont sont issus toutes ces musiques, dites Modules (fichier .MOD), le hardware de l’Amiga limitait à 4 pistes sonores. On se retrouvait donc avec un tableau de 4 colonnes de 64 lignes.
Le musicien/programmeur n’a pas à sa disposition d’instrument ou de synthé… Il lui faut créer ses propres échantillions (samples) ou en importer pour créer les sons qui seront utilisés pour composer son oeuvre… La force de SoundTrackers est de pouvoir au départ d’un échantillon recréer plusieurs gammes, ainsi donner l’illusision d’avoir tout un instrument à disposition… Cela a également d’autres avantages, stocker un petit échantillon prend peu d’espace disque, ce qui a l’époque est d’une importance capitale. Il est également possible d’utiliser des loops, un riff de guitare ou une séquence de batterie qui pourra être utilisée dans le morceau… Enfin ce système permet que le fichier .MOD soit joué de manière identique sur d’autres machines, puisqu’en embarquant partition et instrument, là où le fichier MIDI ne contient que la partition.
Malheureusement, je n’avais pas d’Amiga 500 ! J’avais depuis peu un PC 80386 enfin équipé d’une carte son Master Boomer et d’un écran couleur VGA… et durant plus d’un an je chercherais un peu partout après un programme proche de ce que j’avais vu… Si rapidement je pus mettre la main sur un Player de fichier .MOD, malgré l’appuis technique de mon oncle aillant accès aux BBS, il n’y avait désespérément rien !
Il me faudra donc attendre la fin de l’année scolaire 1995 pour me procurer dessous la veste une disquette du premier Fast Tracker pour PC MS-DOS ! Enfin… Le concept était effectivement le même que ce que j’avais vu sur l’Amiga de Romu, mais malheureusement, le logiciel utilise une résolution d’écran non compatible avec mon vieil écran VGA… C’est donc chez mon voisin Vivien que je commencerais à m’initier au Sound Tracking.
Cette version de Fast Tracker ne possède pas de sampler, durant donc plusieurs mois, c’est en piochant dans la masse d’autres fichiers .MOD et leurs samples que je vais apprendre. Bien que cette version PC soit capable de gérer 8 pistes, je me concentre essentiellement sur le format MOD 4 Channels, non pas car le Pentium de mon voisin n’est pas capable de tenir le coup, mais bien parcequ’une fois à la maison, mon MOD Player se limite au format MOD d’origine.